Comme à son habitude, l’infirmier entra dans la chambre sans frapper. Après tout, il était partout chez lui, dans cet hôpital. Dans sa main, il tenait un fil au bout duquel se balançait une petite tondeuse électrique. Il s’approcha du lit en souriant.

— Alors, c’est aujourd’hui le grand jour ?
— Il paraît !
— Ne vous inquiétez pas, cela va bien se passer. C’est une opération tout à fait banale.
— J’espère…
— On va vous préparer. Pour commencer : je ne veux plus un poil depuis le nombril jusqu’à mi-cuisse ! Question d’hygiène.

Il brancha la tondeuse sur la prise à la tête du lit et souleva la couverture. Le patient eut un mouvement de gêne ; non pas qu’il n’avait pas l’habitude d’être nu devant des garçons, mais il préférait habituellement que ce soit en d’autres circonstances. L’infirmier dut le percevoir, car il ajouta aussitôt :

— Oh, vous préférez peut-être le faire vous-même ? Je vous laisse la tondeuse et je reviens tout à l’heure, si vous voulez.
— Oui, si ça ne vous embête pas.
— Aucun problème, je comprends.

L’infirmer posa la tondeuse sur le lit et se dirigea vers la porte. Mais était-ce sa façon de parler ? Son air de daddy mal rasé ? Son dos taillé en V ? Son cul parfait qu’on devinait sous sa blouse ? Ou plus simplement le fait que son patient était tombé sur son profil Recon dix minutes plus tôt et que par conséquent, il savait tout de ses fantasmes ? Toujours est-il que ce dernier se ravisa.

— Non, attendez !
— Oui ?
— Il y a un service psy dans cet hôpital, non ?
— Euh, oui, bien sûr, mais quel rapport ?
— Je veux bien que vous vous occupiez de mes poils, mais à une condition.
— Laquelle ?
— Vous allez chercher des sangles de contention et vous m’attachez au lit d’abord.

L’infirmer eut un grand sourire. « Je vois. » Il s’absenta et revint un instant plus tard avec tout le matériel nécessaire. Il avait l’habitude ; en un tournemain, le patient se retrouva solidement sanglé, les poignets aux barrières latérales et les chevilles au pied du lit.

L’infirmier souleva la couverture. Cette fois-ci, le patient n’eut aucun mouvement de gêne. Il brancha la tondeuse et entreprit le rasage. D’abord le pubis. Puis les cuisses. D’une main experte, il écarta les couilles pour atteindre le creux de l’aine, un coup vers la gauche pour l’aine droite, un coup vers la droite pour l’aine gauche. Puis les couilles proprement dites, en tirant bien sur la peau pour que les lames de la tondeuse n’attaquent pas un repli par inadvertance. Puis enfin la bite, qu’il attrapa à pleine main pour la maintenir dans la position qu’il trouvait la plus commode pour y passer la tondeuse.

Le patient sentait sa peau tressaillir au passage des lames. C’était un mélange de peur d’être coupé ou blessé et de jouissance d’être totalement à la merci de l’autre, de ne plus pouvoir rien contrôler. Plusieurs fois, alors que la tondeuse passait sur des zones sensibles, il ne put réprimer le réflexe de vouloir ramener ses mains sur son bas-ventre pour se protéger ; les sangles l’en empêchèrent et cela décupla son excitation. Et tandis que l’infirmier s’acharnait sur les derniers poils récalcitrants à la base de sa queue, il murmura soudain :

— C’est bon, vous pouvez la lâcher maintenant, elle tient toute seule.

L’infirmier s’exécuta et vit que cela était vrai. Satisfait, il rangea la tondeuse dans la poche de sa blouse, replaça la couverture sur ce sexe en érection et sortit de la chambre sans dire un mot. L’incertitude de ce qui allait arriver ensuite et la frustration de ne plus sentir les mains de l’infirmier sur son corps arrachèrent au patient un gémissement et un regard désespéré. Ses muscles se raidirent ; mais les entraves tinrent bon.

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